Expo passée
Cuisse froide
Exposition personnelle de Laure André
Du 12 mars au 9 avril 2016

La Galerie Bertrand Gillig présente la seconde exposition personnelle de Laure André à la galerie, après l’avoir présentée à Scope Basel en juin dernier.


 

« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil » René Char.

Laure André s’inscrit en faux contre le démesuré, le racoleur, la séduction immédiate pour prôner un retour au minuscule, au scrupuleux, au contemplatif.

À la dérobée, glisser la main sous la table, attiser le feu et souffler le froid. « Cuisse froide » est une exposition « strato-graphique », l’expérimentation polysémique des strates de l’intime, du corporel, du religieux, du médical et du quotidien.

La pratique constante d’une forme d’algolagnie (doloro-volupté) provoque une hostilité aux humeurs saillantes. Des gestes hospitaliers empreints d’une mauvaise grâce, l’utile désagrément qui nous soumet à l’affect. S’enfouir dans l’indiscret et s’ouvrir sur un vertige. Venir buter sur les détails, rejaillir sur d’autres, s’oublier, se perdre : figurer, défigurer, transfigurer. Sont alors convoqués des matériaux dont la fragilité le dispute à la variété : papier, carton, tissu, fil, cheveux…Les techniques ne sont pas en reste puisque le dessin à l’encre, au bic, à l’aquarelle, complète un arsenal au savoir-faire accompli.

Des images labyrinthiques nous suffoquent sous profusion d’effets et de textures graphiques : « les Étouffées ». Alors il est possible de s’interroger sur la perte des membres, - fantômes- dans les « Haustéries », d’entendre le cri qui sourd des « Couvre-feux », de se laisser envoûter par les visages spectraux des « UPSA », du récit lancinant des « Mélopées »…

Voilà le sens voire la distance nécessaire à l’appropriation de ces travaux. D’images mentales en vibrations optiques, une épiphanie à tiroirs multiples dont le glissement sémantique serait la clé. Cette inversion des sens nous prouve que « l’œil écoute ».

« …car vivre c’est épuiser une série de grands et de petits malheurs. » : « Que reste-t-il de nos amours ? ».

F. Meyer, Février 2016

Le travail de Laure André est très riche de significations. Elle se définit elle-même comme plasticienne, exerçant son art sur tous types de médias, dont les plus incongrus, comme des pétales de monnaies du pape, des hosties, des boites d’entomologie, des napperons, des robes, etc … elle a même crée des œuvres en chocolat moulé.

Son travail se construit autour de la mémoire et de l’empreinte : souvenirs des défunts, des objets qui leur ont appartenu, de la trace de leur présence sur Terre… et sa perpétuation à travers les actes de dévotion. De ceci découle un exercice plastique sur la mort et sur la peur de la blessure et de l’accident où la notion d’apparition/disparition est omniprésente. Laure André s’ingénie à trouver la technique adéquate à chaque idée artistique pour servir cette direction : carton piqueté à l’aiguille pour figurer la mémoire de gueules cassées, organdi de soie pour suggérer la fragilité de l’enfance et pour créer des effets de dédoublement, broderies sur des hosties pour exprimer la préciosité, gravure sur lentille de verre pour engendrer des ombres…

L’univers de Laure André n’est pas purement conceptuel, car elle s’attache à créer des œuvres "finies", à la conception technique réfléchie, empreinte d’une minutie du geste et d’un esthétisme très recherché.